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dazibaos

Dazibao ou Journal à Grands Caractères. 
 
Un DAZIBAO est une affiche rédigée par un simple citoyen, traitant d'un sujet politique ou moral, et placardé pour être lu par le public. 
Par extension et au sens figuré, le mot est employé pour désigner des publications non officielles. 
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L'expression de l'opinion publique par affichage est une tradition dans la Chine impériale : les citoyens mécontents écrivaient des affiches pour critiquer l'administration du magistrat impérial et le peuple se rassemblait autour du dazibao pour les commenter. 
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Au Chili, le même usage est porté par les PAPELOGRAPHOS ; c'est une forme particulière d'affiches revendicatives qui consistent en un rouleau de plusieurs mètres de long sur un mètre de haut, portant un slogan, et collées clandestinement dans l'espace public afin de contester le monopole des médias dans les années 1960. Dans les années 1980, les peintures renaissent pour raconter l'histoire et la discuter.
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Il s'agit d'une continuité avec le MURALISME MEXICAIN. Les messages sont alors directement peints sur les murs par des groupes organisés en brigade d'une dizaine de personnes qui, en quelques minutes, pouvaient échapper à la police. 
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Source : wikipédia.
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OMBRES

 

04/07/2013

Texture fine, terre grisée étalée sur le mur, 

Je porte, supporte et renvoie, et joue avec la lumière.

Ombre et lumière, je révèle puis absorbe… et me nourrit de ce qui m’a effleuré,

De la mémoire déposée une fraction de seconde sur ma surface.

Je suis respiration, voile mobile 

Vibrante de tous les sons qui viennent me heurter, 

De tous les tons qui semblent ne pas laisser de traces.

Je suis taches-traces d’un tissu décoloré,

Ombre chinoise inversée d’une couleur frustrement étalée,

D’où émerge un visage tendu vers la lumière.

Tension vers l’inconnaissable, J’apparais subreptissement,

Puis disparaît dans l’ordinaire de la vie.

Mon passage reste inscript au profond de la matière, même si en surface plus rien n’est perceptible.

L’archéologie ne me découvrira pas : je suis énergie-mémoire retournée à l’état pur,

Fragment fugitif hors du temps palpable.

Je suis le chat de Schroedinger, la légende quantique du mari qui se dédouble :

Je vis dans l’épaisseur du rien ;

Je fais danser les surfaces d’un souvenir sans masse ;

Je suis le rien qui a effleuré l’espace.

Larmes
05/08/2015

Ouverture chaude et sans fard d’un cheminement hors d’atteinte,

Je suis résurgence d’une rivière souterraine longtemps restée invisible.

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Je circule dans les profondeurs cellulaires, puis émerge parfois au coin de l’œil

Et pousse la porte pour laisser passer la lumière.

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Je libère les mémoires et les paysages intérieurs aux douleurs et attentes enchevêtrées.

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Leur beauté écrasante se manifeste alors en joie et reconnaissance :

Je remonte les cascades jusqu’à la sortie des glaciers, et deviens rire 

Mélé aux perles de sueur d’une longue marche en montagne ;

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Je me fonds dans la beauté saisissante d’un lac laiteux sorti des givres anciens

En un échange jusqu'à l’os de nos chaleurs respectives ;

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Je suis larmes de gratitude pour une telle perfection.

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Discrète, je roule sur une joue et semble de même clarté quelle que soit l’émotion.

Pourtant, la qualité insoupçonnée de ma transparence varie à chaque instant

Porteuse d’univers aussi délicats qu’estampes japonaises.

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Je suis exsudation intime.

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Je suis ce lac transparent et limpide,

Cette eau vive qui jaillit au milieu du vert tendre et moussu,

Ce torrent impétueux porteur de mille promesses,

Cette eau sombre au fond d’une grotte immobile,

Ce clapotis au fond du puits,

Cette flaque d’eau croupie où plus rien ne survit.

 

Torrent de larmes qui balaye tout sur son passage,

Renouveau du printemps fécond et prometteur,

Idée lumineuse nettoyée des anciennes scories,

Rosée scintillante éclaboussant le soleil

Purifiée, embellie, rayonnante et sublime !

ENFANT  MONGOL
08/05/2010

Je suis l’enfant mongol, habillé comme un grand, 

D’un chaud manteau d’hiver pour résister au froid.

Fille ou garçon, qu’importe, je ne suis qu’un enfant,

Générique concernant toute ma classe d’âge,

Conçue uniquement en attente d’être grand.

 

Mon visage est ouvert, petite bouche sérieuse, regard interrogateur :

Je ne comprends rien aux grands !

De passage dans leur vie, petit bout  de tendresse 

Je marche dans leurs jambes et les dérange un peu.

Je les détourne du sillage sérieux dans lequel ils se sont engouffrés 

Avant même d’y avoir pensé !

 

Je m’ébahis sans cesse de ce qui est devant moi ;

Le chaud, le froid, là n’est pas la question :

C’est le sans mot vers moi  qui me fait froid.

Mes précieuses mains qui sortent au bout des manches

Me permettent heureusement d’expérimenter toutes sortes de montages :

Elles sont aussi malines que mes yeux, tout aussi pétillantes que mes découvertes.

Enfant tombé dans ce monde  si particulier,

Je porte au fond de moi toute la mémoire du monde : 

Qu’ai je à faire de cette connaissance si intense et pourtant si naturelle pour moi?

 

Je suis un cœur immense dans une poitrine si petite,

Une envie d’embrasser tout ces gens agités 

Qui de temps en temps me déplacent pour pouvoir passer.

Je suis un futur tombé du ciel au milieu d’un nulle part si compliqué,

Où il faut sans cesse deviner des règles que je suis sensé savoir !

Je suis fatigué de ce savoir-pas savoir si incompréhensible. 

Observateur aux yeux écarquillés, j’attends l’adulte qui voudra bien m’écouter,   

M’expliquer, me prendre par la main pour m’accompagner.

Le poisson qui avala Jonas
29/09/2009

Vibration liquide, je suis le monde du silence.

Poisson dans le jouir des caresses d’ algues.

Je suis la relation intime, sauvage avec les courants,

Sentiment fantastique d’être Un avec mon environnement.

Monde de la transparence

Méduses et poulpes y ont inventé le premier œil !

 

Lorsque ma bouche s’ouvre, il ne sort aucun mot :

Toute la surface de ma peau est une immense oreille,

Mes ouïes un poumon déployé,

Mes mouvements une conversation :

Je suis le début de l’Etre, condensé !

 

Léviathan redoutable,

Je suis le Poisson qui avala Jonas, 

Délivrant l’équipage d’une injuste perdition.

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Sorti de la tempête effroyable de mes peurs

Je suis Jonas entrainé par le fond durant trois jours jusqu’en l’Eau de mon Etre,

Ventre profond, tombeau liquide,

Mes terreurs sont barattées,

Triturées en une confusion mortelle :

Je fais face au changement incontournable devant lequel je renâcle.

 

Déposé sur la plage après ce formidable voyage,

Je suis la Vénus de Botticelli en cette seconde naissance.

Je n’ai d’autre choix que d’accomplir pleinement ma beauté

Dans son exigence, son entièreté… jusqu’à la fin de mon âge.

Coeur épris d'amour
16/07/2011

Je suis un cœur épris d’amour

Qui palpite si fort qu’un flot de mots le submerge ;

Il y a tant à dire et pourtant si difficile, si précieux

Pour être au plus proche de ma proximité,

Au plus proche de ta présence

Pour ne pas quitter d’un pouce la conscience de toi,

La conscience de Soi.

Lorsqu’un côté se vide, l’autre se gonfle de mots

Qui attendaient cette écoute pour être dits,

Oreillettes palpitantes du savoir des ventres,

Ventricules puissants des forces archaïques indicibles…

Je suis ce cœur vivant sorti des symétries imbéciles

De toutes les Saint Valentin,

Rouge de ce sang qui porte les sons, les rythmes

Telle une écriture du fond des âges,

Là où le verbe et la cellule ne font qu’un,

Continuum protéodique vibrant.

 

Corps-cœur en son intime, je trouve la force de sortir du silence,

Le courage d’exprimer ce qui m’a conçu, acceptant de voir, dans le regard de l’autre, 

Le bonheur et l’effroi du mystère de la vie…

 H2 O ne nous a rien appris sur le mystère de l’eau !

 

Je suis peur des non-dits, du trop dit, du pas à dire, 

Qui briseraient la douce dissymétrie du cœur qui palpite

Et lutte entre lâcher et contrôle.

 Au plus juste d’un scabreux équilibre, je suis vague profonde qui sourd de partout,

Et trouve enfin sa place dans une confiance partagée ;

Fraicheur d’une écriture d’enfant qui n’aurait rien eu à craindre

Et serait restée avec sa part d’éternité.

 

Je suis la paix retrouvée au sourire malicieux,

La porte intérieure d’une danse chaloupée.

Ayant retissé les mots bleus de coronaires  bien sages :

Cœur amoureux enluminé,

Cœur chaviré je laisse s ‘échapper les mots,

Emoi, émouvant, et moi mouvant, qui s’exalte soudain,

Verve qui me déborde…me dépasse… en fait trop,

S’enthousiasme, idéalise, idéologise même…

Débordement… tu causes… tu causes… et l’énergie du verbe s’envole

Mais que FAIS-tu ? … Petite écriture bien sage ?

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Familles
15/08/2015

Passoire, résille, je recueille une trinité,

Petit coagulât tombé de la Voix Lactée :

Je suis creuset où vont se fondre matière et énergie

Pour habiller une âme qui en a décidé ainsi.

Je suis moule à faire des fromages,

Identiques et différents à chaque fois,

Le nom sur la boite attestant la même origine !

 

Label familial, estampille redoutable

J’oblige chaque rejeton à se contorsionner

Pour tenter d’échapper à la forme rigide

Inscrite pas à pas dans les lignées.

Chacun s’y affine à sa façon, tentant de détourner l’intention de départ

Selon la place qu’il y occupe.

 

Berceau nourricier de cette Lumière tombée des astres,

Je multiplie les écueils pour mieux La forger, L’affuter

Je suis transpiration d’idées reçues difficiles à percer à jour,

Epaisse exsudation du transgénérationnel,

Monument d’identifications successives insoupçonnables.

 

Histoire qui se fait chair à chaque enfant,

Je suis enveloppe plurielle. Je cristallise toute une époque en un décors prégnant.

 

Charriant des émotions multiples, transpirant les non-dits,

Hoquetant joies, silences et chagrins, fulminant colères et révoltes,

Je laisse, malgré tout, advenir l’inattendu, perler la surprise hors des pesanteurs ;

J’accueille aussi les aptitudes émergeantes.

… Et lorsque la  voix juvénile s’élève et gronde, faisant écho au premier cri de l’enfant,

Je la laisse fleurir,  suivre sa route singulière,

Accomplir sa splendeur, quelle qu’elle soit : je n’ai fait qu’humblement la porter…

 

Famille, je te haïs parfois encore…

Famille, je t’aime…

Lieu fantasque de retournements incessants, famille je t’hayme jusqu’à l’apaisement.

Soutien de toutes mes éructations depuis le premier cri, cherchant puis chantant le mot juste,

Je suis l’os hyoïde en travers de la gorge, fragile suspenseur de ma parole. 

J’ose porter et prendre le risque du tranchant de ma propre voix

Hors du giron natal.  

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