tapisseries textiles
"Âme visible"
1978
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Au sol ou au mur, de laine, de soie, ou d’alfa, tapis et tapisseries habillent de somptuosité et de tendresse la rudesse minérale des cloisons, la géométrie des carrelages, des parquets ou de la terre battue. Je suis le vent coulis qui se faufile entre la pierre et l’échevelure de l’envers du tissu. Je capitonne la froideur de la paroie de fils ingénus. Le licier a organisé pour moi seul l’envers du décors d’inattendu, de spontaneité, tandis que la représentation bien lissée s’époumone sur le devant de la scéne. Cet interstice de respiration est aussi doux et odorant que celui, mouvant, émouvant, entre peau et vêtement...
Les murs nomades que l’on plie et déplie pour réchauffer l’austérité des demeures ou rendre consistants les camps volants, deviennent des habits d’espace, des habits coupe-vent.
Âme visible
Dimension : 70 x 80
Conception
Dimension : 70 x 110
"Tissage et tapisseries cernent les secrets des femmes"
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Au coeur des châteaux ou lors des déplacements furtifs sur les chemins encombrés, l’épaisseur du matériau met la vastitude des paysages traversés et l’intimité dans une réversibilité étrange, fragile esquif baloté à dos de chameau ou de mulet, le végétal tissé devient charpente illusoire d’une cache dérisoire....
Kaftans, tentes, tepees et yourtes, capotes de tranchées, capes d’ évêques ou de carnaval vénitien, crinolines, baldaquins, palanquins ou capelines à voilette...
Ces cocons fragiles, pas tout à fait maisons, pas tout à fait vêtements, sont des passages pour se moletonner contre les rigueurs. Les jambes des femmes sous les arceaux de bois légers sont plus libres dans ces huttes à volants que dans l’espace sans limite des minijupes à tout vent. La rigidité ou la souplesse des capes à grand col ou à profonde capuche isolent des intemperies tout autant que des ragots de cour.
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Miroir concave
Dimension : 183 x 250
"Les costumes pour la proximité des corps"
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Sortie de l’ombre sage des murs, la tapisserie se fait vêtement et
s’invite à danser avec les hommes. Je suis la joie qui exulte hors du huis-clos de la maison, chargée des broderies flamboyantes des costumes traditionnels. Pétillante ambassadrice des jours de fête, je m’expose pour suspendre le quotidien et aller vers la rencontre.
J’affiche l’histoire de mon village. Par la richesse des fils de soie ou des inclusions précieuses, je porte haut et fier la force de ma lignée, et souligne mon rang social par la complexité des dessins. Je suis la patience des mains qui, par la finesse du point, raconte l’attente de ces moments heureux. Elles disent aussi le désir qui porte les jeunes gens l’un vers l’autre par la jubilation des couleurs, l’exaltation des tailles fines ou des larges épaules, le savoir faire discret dans le choix des assemblages, le trait d’humour d’un ruban insolite. Les informations se tissent avec la musique et la danse.
Ces costumes pour les jours d’exception sont souvent trop rigides pour être quotidiens, trop chargés d’histoire pour la proximité des corps. Habitacles où les coeurs suspendent leur élan comme des nacelles d’osier dansant l’une vers l’autre. Les palanquins fermés des amants s’acheminent vers la rencontre dans les tourbillons des figures imposées. Puis, au profond de la nuit, ils seront déposés pour le seul tissu qui vraiment importe : peau de sensations, habit de désir, surface de caresses, le droit à l’instant, le droit au présent.
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"Emergence"
1986
Tissages et tapisseries cernent les secrets des femmes. Au coeur des chateaux ou lors des déplacements furtifs sur les chemins encombrés, l’épaisseur du matériau met la vastitude des paysages traversés et l’intimité dans une réversibilité étrange.
Emergence
Dimension : 175 x 230